Les pommes d'or du soleil (2021)

Surnommé le poète de la science fiction, ce recueil prouve le talent de Bradbury. Tout d'abord le titre, c'est une allusion à un poème de l'écrivain irlandais William Butler Yeats "la chanson d'Aengus le vagabond":

" Bien que je sois vieilli d'avoir tant erré/ Par les creux et les collines de la terre/ J'irai découvrir où elle s'en est allée/ Baiser ses lèvres et lui prendre les mains/ Parmi les hautes herbes tachetées de couleurs/ Et cueillir jusqu'à la fin des temps/ Les pommes d'argent de la lune et les pommes d'or du soleil" (extrait)

Même si on pourrait croire que la science fiction est un genre dépassé étant donné que nous vivons dans un monde proche de celui décrit par certains auteurs, ce recueil n'en reste pas moins fascinant. Je pense notamment à la nouvelle "L'assassin" qui rappelle étrangement notre monde actuel, dans lequel les moyens de communication sont très développés, notre quotidien automatisé, et où nos relations sont paradoxalement vides. La technologie nous surpasse et aliène nos comportements. Bradbury n'est pas réactionnaire, il est tout simplement réaliste et n'a pas peur de dire (dans cette nouvelle) que les nouvelles technologies, certes, nous avantagent, mais nous rendent esclaves de la vitesse, du résultat, de l'efficacité. Si l'on tenait un tel discours comme dans cette nouvelle, nous serions vu comme un réac, un anti-progrès, ou un rebelle. Bref, on sacrifie tout esprit critique au nom de la modernité. Mais tout changement n'est pas progrès. Mais aujourd'hui, le progrès est comme une pensée unique à laquelle nous devons tout le temps nous adapter.

Un coup de tonnerre est certainement la plus célèbre nouvelle de Bradbury, elle est parodiée dans les Simpson Horror Show et a été adaptée en film. C'est le fameux thème du voyage dans le temps, comme dans retour vers le futur, la moindre perturbation dans le passé dérègle le présent.

"Adieu et bon voyage" est une belle nouvelle sur l'enfance et la famille.

"Le promeneur" est une nouvelle courte mais frappante, faisant écho certainement à l'absurdité et au totalitarisme, un autre thème récurrent de l'oeuvre de Bradbury (Fahrenheit 451)

Pour simplifier, du fantastique, de la science fiction, de la poésie en 22 nouvelles. La science-fiction, tout compte fait, reste frappante, même si des hypothèses sur l'avenir se sont réalisées dans notre mondialisation, on éprouve plus de respect pour ce genre littéraire, mais on craint le pire pour l'avenir.


4/5